Que faut-il faire, se taire par peur de subir ou dénoncer pour être le sacrifice ultime d’un peuple accommodant sans courage, résigné et complice à son sort loin d’une fatalité ?
La question ne se pose point ou ne doit du moins pas être posée.
Sans être un Mandela pour le symbole du courage, ni un Mahatma Gandhi pour avoir fait don de soi pour tout un peuple opprimé mais qui n’a jamais abdiqué, j’ai tout naturellement, décidé de me déchaîner et d’affronter la peur non pas pour un simple courage mais par devoir absolu devant les hommes et l’histoire.
Force est de constater que depuis le 05 septembre 2021, le nouveau type de Guinéen qui a émergé à la tête du pays est comparable, très malheureusement, à un écolier gonflé à bloc, revenu de vacances et requinqué de la rentrée.
Confrontée à la dure épreuve de l’exercice du pouvoir et de la responsabilité du commandement, la nouvelle équipe dirigeante sans expérience, arrogante et guidée par la force conduit le pays vers un lendemain incertain avec tous les risques. La République va mal, la Guinée court désormais tous les risques avec des choix inopérants.
Le retour des vieux démons
Il a fallu juste quelques mois pour que le CNRD se découvre. La manipulation, l’exclusion, les arrestations arbitraires, la brutalité, la restriction des libertés et le culte de la personne reviennent avec force. L’on se demande finalement pourquoi le coup d’État du 05 septembre ? Entre les promesses du départ et les actes d’après, le CNRD a sans nul doute parjuré. La rupture prônée est plutôt perçue comme étant du Alpha sans Alpha. C’est du blanc bonnet et bonnet blanc. Les Guinéens observent du bout des dents !
Le faux-semblant du régime putschiste
Comme si le passé ne sert plus de leçon, le CNRD réédite le même schéma que Alpha Condé. Face aux obstacles ou aux blocus majeurs, le dialogue sans issue a servi de se refaire une certaine virginité pour se construire une image républicaine afin de charmer l’international et désorienter le peuple de l’essentiel.
Des concertations nationales au dernier et énième cadre de dialogue, le CNRD a fait du surplace. Rien n’a changé, c’est le statuquo permanent.
Le manque de lisibilité de la transition
Tout est confus ! Avec le CNRD, rien n’est encore fait pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Cette transition se donne plus d’ambitions et de missions avec des notions vide de sens : refondation, rectification,…
Eux qui se sont proclamés « Sauveurs » pour faire l’amour à la belle et gracieuse Guinée, longtemps victime de ses élites font pires que les prédécesseurs. L’arrogance, le mépris et l’intolérance ont pris le dessus. Les repères désacralisés, les gloires rabaissées, les mythes cassés. C’est la déflagration des valeurs sociétales.
Parler ou se taire ?
C’est désormais un choix à faire entre parler pour se faire arrêter ou se taire par peur et par résignation.
La terreur est devenue l’arme de gouvernance des putschistes. Soit tu la fermes pour vivre en paix ou prends la poudre d’escampette pour gueuler loin des nouveaux maîtres du pays.
C’est pathétique mais c’est pas nouveau ! Le Guinéen a vécu 64 ans dans la peur, la soumission et la souffrance.
Jusqu’à quand va-t-il se laisser sucer, humilier ?
Mais en attendant le réveil des consciences, mon seul et dernier conseil est ceci : « Mieux vaut partir cinq ans trop tôt que cinq minutes trop tard », disait le général de Gaulle.
Par Habib Marouane Camara, Journaliste-chroniqueur