Quel paradoxe de nos autorités monétaires ? (Par Bella BAH)

Le lundi 25 septembre, la BCRG annonçait la baisse du taux directeur de 11,5% à 11%. La BCRG expliquait cette baisse suite à une évaluation de la conjoncture économique marquée par une accélération de la croissance du PIB, tirée par la production de la bauxite et de l’électricité. Que notre lecteur comprenne, que la banque centrale est la mère des banques, ceci dit quand une banque primaire a des problèmes de financement, elle peut recourir à la banque centrale. Le taux directeur est un indicateur en termes du coût de crédit, c’est-à-dire pour faciliter le financement de l’économie, la banque centrale, si elle dispose suffisamment de liquidité, elle, peut inciter les banques primaires à travers une baisse pour se refinancer et par la suite accompagner les petites et moyennes entreprises sur les projets d’investissement par conséquent favoriser la création de l’emploi, la raison d’être d’une économie.

De même, si elle constate une sur liquidité, elle peut agir sur le taux, c’est un outil de régulation.

Donc, l’annonce d’une baisse du taux directeur, signifie une disposition de liquidité de la banque centrale pour soutenir l’économie à travers la banque centrale en passant par les banques primaires.

Pourquoi alors ce 29 septembre, en moins de quatre jours, les autorités de la transition à travers le ministère de l’économie et des finances et la banque centrale de la république de Guinée exigent aux banques primaires, une levée de fonds de 5000 milliards soit plus de 500 millions de dollars (1 USD= 9000 GNF) et surtout à travers des réserves ?

S’il faut remettre en cause, alors, cette baisse du taux, qui ne peut être qu’un maquillage du fait que celui qui dispose de la liquidité, ne peut en aucun cas obliger des banques primaires à passer par des réserves pour lever des fonds, il faut se poser des questions sur le bien-fondé de cette dette qui nous engage chacun et tous.

Le protocole d’accord signé entre l’association professionnelle des établissements de crédit de Guinée et la Banque centrale ne donne aucune idée sur l’objet du financement ? Est-ce que ce sont des infrastructures routières ? Des écoles ? Bref, ce financement exceptionnel de 5000 milliards servira à quoi ?

Il sera judicieux que nos autorités monétaires, à travers le ministère de l’économie et des finances, expliquent aux Guinéens, sur quoi, on nous engage.

Il est à rappeler que la Guinée a un besoin de 25000 enseignants sans parler des infrastructures scolaires et surtout que l’ouverture des classes est prévue le 03 octobre et jusqu’à nos jours, il n’y a aucun accord entre L’Etat et les contractuels . Plus de 9 mois non payés ? Combien d’enfants seront sans enseignants cette année ?

Au même moment, on prend des engagements sur 5000 milliards sans nous dire, le pourquoi ?

Au-delà, quel signal nos autorités envoient-ils en obligeant des banques primaires à souscrire à un financement ? si le projet est bien ficelé, qu’est-ce qui empêcherait les banques primaires de souscrire ? L’économie Guinéenne se porte-t-elle bien vraiment ? L’Etat Guinéen inspire-t-il confiance ? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière cette réquisition ? Seul le temps nous édifiera

Bella BAH
Economiste, Président de la jeunesse Citoyenne
abbellabah@gmail.com

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