GUINEE- 218 mineurs dont 21 condamnés sont en prison: Voici le Rapport HCDH

Le bureau du haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a présenté son rapport sur la situation des enfants en conflit avec la loi en milieu carcéral en Guinée ce mercredi 14 août 2024 à la faveur d’une conférence de presse à Conakry. Le représentant du bureau de l’institution en Guinée qui a animé la conférence de presse, a commencé par ce message livré par des enfants durant les différents entretiens. Il est intitulé : « Ne nous oubliez pas ».

Pour Aimé Kakolo Ntumba, ce message concerne aussi bien les autorités nationales que tous les autres partenaires qui peuvent intervenir auprès des établissements pénitentiaires en vue d’améliorer les conditions de détention des détenus. Ce rapport, préparé par le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en Guinée, présente les principales préoccupations en matière de droits de l’homme liées aux conditions de détention et au traitement des enfants en conflit avec la loi et détenus dans les établissements pénitentiaires du pays.

Il se base sur les observations et entretiens menés par des fonctionnaires du HCDH dans 13 établissements pénitentiaires du pays, dont 8 maisons centrales, qui sont les plus peuplés, au cours des 15 visites effectuées entre le mois de mars 2023 et juin 2024. Il se fonde également sur les échanges avec les autorités judiciaires, pénitentiaires et des cadres du ministère de la justice et des droits de l’homme ainsi que des acteurs non étatiques travaillant sur les questions des détenus.

Le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en Guinée dit avoir effectué au moins 447 entretiens individuels avec les mineurs privés de libertés dans les prisons, dont 240 garçons et 7 filles, 13 entretiens individuels avec les responsables des 13 établissements pénitentiaires, 11 magistrats, dont 10 juges d’enfants dans les tribunaux de première instance, mais aussi avec le président du tribunal pour enfants de Conakry.

Au terme de tous ces travaux, le rapport du bureau du HCDH rappelle que les prisons guinéennes, notamment les maisons centrales, sont surpeuplées et les mineurs en détention sur l’ensemble du territoire représente environ 4,96% de la population carcérale. Cependant, a-t-il révélé, le taux d’occupation des cellules par les mineurs dans certaines prisons laisse apparaître des situations qui ne répondent pas aux standards internationaux en matière de droits de l’homme.

« En termes de conditions physiques de détention, en faisant une comparaison de mai 2022 à septembre 2023, en termes de population carcérale, il y a eu au moins une augmentation d’au moins 617 détenus. En mars 2022, on avait au moins 4900 détenus. Tandis que lorsqu’on est arrivé en septembre 2023, on était à 5517 détenus, dont 274 mineurs, parmi eux 211 prévenus et 63 condamnés. Parmi ces 274, on avait répertorié au moins 13 filles, dont 9 prévenus et 4 condamnés. En évoluant jusqu’en juin 2024, le nombre de détenus a augmenté à 5839 détenus, soit une augmentation de 322 détenus à ce niveau. Cependant, en ce qui concerne les enfants, le nombre total est de 218 détenus, dont 21 condamnés. De cela, on a répertorié au moins 10 filles, dont 9 prévenues et 1 condamné », a indiqué le représentant du bureau de HCDH en Guinée.

 

Aimé Kakolo Ntumba est ensuite revenu sur les situations qui ne répondent pas aux standards internationaux en matière de Droits de l’homme en milieu carcéral concernant les mineurs en conflit avec la loi.

« La séparation entre les détenus mineurs et adultes n’est pas totalement assurée dans les 13 établissements pénitentiaires visités, et c’est en violation de normes internationales relatives aux droits de l’enfant. Sur les 13 établissements pénitentiaires visités, seule la maison centrale de Conakry dispose d’un quartier pour mineurs qui, dans le fait, accueille également les adultes », a-t-il poursuivi.

En plus, le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a constaté d’autres dysfonctionnements, pas les moindres. Il parle entre autres, du problème d’accès à une alimentation adéquate et à l’eau potable, le problème d’accès aux soins de santé, le problème d’accès à l’éducation et à la formation professionnelle. Dans son rapport, le HCDH n’a pas manqué de rappeler que les enfants en conflit avec la loi pour les infractions criminelles peuvent être détenus pendant plusieurs années avant d’être jugés, alors que le délai de détention provisoire en matière correctionnelle est de deux mois et en matière criminelle de quatre mois renouvelables une fois.

Pour le HCDH, face aux conditions de détention inhumaines caractérisant en général les systèmes pénitentiaires, le gouvernement doit adopter de toute urgence des mesures décisives afin d’améliorer la situation des mineurs dans les établissements pénitentiaires. La principale recommandation de l’institution est que les autorités viennent à bout du recours généralisé à la détention provisoire des mineurs qui conduit dans la plupart des cas à des détentions illégales et arbitraires.

 

TBD/ Louis De Funès Diallo, Pour Mondemedia.info 

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