L’éradication de la criminalité et de l’insécurité implique une synergie d’action de l’ensemble des acteurs de la chaîne pénale. C’est ainsi que le parquet général près la Cour d’Appel de Conakry est depuis quelques jours engagé dans une course contre la montre en vue de réduire le phénomène. C’est dans cette dynamique qu’il a échangé avec les principaux acteurs de cette chaîne en vue d’identifier les causes de cette criminalité et éventuellement envisager des solutions idoines dans un bref délai.
Dans son exposé, le directeur régional de la police de Conakry, a pointé la consommation abusive de la drogue et la prolifération des armes comme causes principales du phénomène. « C’est pourquoi, nous avons initié une opération de saisie de la drogue dans le grand Conakry », a entamé le commissaire divisionnaire de police Abdoulaye Sano.
Le manque de collaboration et de communication entre les services de sécurité, les élus locaux et la population affecte généralement la lutte contre l’insécurité dans les zones criminogènes.
L’officier de police a aussi évoqué l’urbanisation jugée sauvage, rendant ainsi l’accès difficile à certains quartiers de Conakry.
« En matière de lutte contre le crime, il faut avoir accès à certaines zones. Mais il y a des zones même quand il y a des incendies, les sapeurs-pompiers peinent à y accéder. Donc pour traquer les délinquants dans ces localités, c’est un véritable problème », a-t-il révélé.
C’est pourquoi, le commissaire Sano a invité la Gouverneure de la ville de Conakry d’intervenir auprès de la DATU (Direction de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme) dans ce sens afin qu’ils puissent accéder à ces endroits enclavés.
« Je prends un exemple, la mort de M. Diallo tout dernièrement (L’opérateur économique qui a été tué à Cobayah). C’était un lieu où il y avait un délestage complet du courant. Alors c’est difficile d’accéder à la zone et ils n’appellent pas (…) », a déploré l’officier de police.
En ce qui concerne les jeunes qui sèment la terreur la nuit après avoir consommé la drogue, il assure que les services de police ont entamé une opération de destruction de tous les temples où lieux de retranchements des bandits. S’agissant de ceux qui barricadent la route notamment la nuit, il a sollicité de la justice plus de rigueur dans l’application des décisions une fois qu’ils sont déférés.
Dans cet exposé, le commissaire divisionnaire n’a pas épargné les conducteurs de motos-taxis. Il accuse certains d’être en complicité avec les criminels.
« Ce sont eux, les motos-taxis qui transportent les bandits, ils sont même en association avec les bandits, pendant la journée, ce sont eux qui ciblent les lieux où il faut attaquer la nuit », a-t-il accusé. Il signale que la sécurité routière est en train de régulariser la situation des motos-taxis: « parce qu’ils sont à la base de tout ce mal qui nous ronge actuellement », a-t-il accusé.
Parmi les recommandations, le directeur de la police régionale a invité les autorités à approfondir les réflexions sur une mise en place des PA des (Postes d’Appui). Commissaire Sano a demandé l’établissement d’un climat de collaboration franche avec la population et une implication des élus locaux dans la lutte contre la criminalité et l’insécurité à Conakry.
Le directeur régional a saisi l’occasion pour annoncer la mise à disposition d’un numéro vert qui fonctionne H-24, pour pouvoir alerter à temps les services de sécurité en cas d’attaque dans les quartiers.
« Je profite pour lancer un appel aux présidents des délégations spéciales de prendre le numéro 117 et de le communiquer à tous les citoyens de leurs zones, pour que lorsqu’ils entendent des échos chez leurs voisins, ils puissent l’appeler. A la minute, nous interviendrons. Tous ceux qui ont le 117 et en ont fait usage, les bandits n’ont pas eu accès à leurs domiciles. Mais il faut appeler lorsqu’il y a des attaques, parce qu’actuellement nous faisons des patrouilles diurnes et nocturnes. Et les patrouilles diurnes se font H24. Il n’y a pas une zone à Conakry où la patrouille n’accède pas, mais les bandits, les délinquants ont aussi leur tactique. Ils savent à quel moment, il faut attaquer avant l’arrivée de la patrouille », a-t-il déclaré.
Autre recommandation forte de la police, la reprise des audiences foraines, pour mieux sensibiliser la population.
Enfin, le commissaire divisionnaire a demandé l’apport des magistrats dans la lutte contre la délinquance et la criminalité.
« Déjà, les mots que nous avons entendus nous rassurent, mais nous tenons juste à le réitérer. Nous disons donc aux magistrats, que nous sommes leurs bras valides; donc, c’est à eux de nous appuyer, en restant derrière nous. Parce que, c’est quand ils nous appuient que nous pouvons faire un bon travail de lutte contre la délinquance et la criminalité », a-t-il conclu. Selon nos confrères de mosaiqueguinee