ÉTATS- UNIS : Donald Trump lance la guerre commerciale contre le Canada, le Mexique et la Chine

Le président américain Donald Trump imposera, à compter de ce samedi 1er février, des droits de douane sur les produits originaires des trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis, a annoncé la Maison Blanche ce vendredi, suscitant des inquiétudes pour le commerce international.

Donald Trump avait brandi de nombreuses fois la menace à l’encontre du Canada, du Mexique et de la Chine. Des paroles aux actes, il est un pas que Donald Trump a franchi. Ces trois pays vont bien se voir imposer des droits de douane à compter du samedi 1er février. Et le président républicain ne compte pas s’arrêter là. « Est-ce que je vais imposer des droits de douane à l’Union européenne ? Vous voulez la vraie réponse ou la réponse diplomatique ? Absolument. L’UE nous a très mal traités », a-t-il déclaré à des journalistes dans le Bureau ovale de la Maison Blanche.

Quant à la Chine, le Canada et le Mexique, il a assuré qu’ils ne pouvaient « rien » faire pour empêcher que les droits de douane soient appliqués à leurs produits, citant notamment les semi-conducteurs, le gaz et le pétrole ainsi que l’acier. Certains pourraient entrer en vigueur dès le 18 février, a-t-il ajouté. Il a cependant précisé que le pétrole canadien, qui représente 60% des importations américaines en la matière, pourrait être un peu moins taxé : « Je vais sans doute baisser les droits de douane dessus. Nous pensons les limiter à 10% ».

Le Canada « prêt » à répliquer

Plus tôt dans la journée, sa porte-parole Karoline Leavitt avait déjà affirmé qu’il n’y aurait pas de marche arrière de dernière minute, Donald Trump accusant les deux pays voisins ainsi que Pékin de ne pas lutter suffisamment contre le trafic de fentanyl et l’immigration illégale vers les États-Unis. « Le président va imposer demain 25% de droits de douane sur le Mexique, 25% de droits de douane sur le Canada et 10% de droits de douane sur la Chine pour le fentanyl illégal qu’ils produisent et dont ils permettent la distribution dans notre pays », a-t-elle déclaré.

Le Premier ministre canadien démissionnaire, Justin Trudeau, a répondu que son pays était « prêt à une réponse immédiate » si cette menace se matérialise. De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a souligné être en discussion avec le gouvernement Trump et avoir « avancé sur différents sujets ». « Des accords sont trouvés tous les jours », selon elle. Mais « nous avons un plan A, B et C » en cas de droits de douane imposés par les États-Unis, a-t-elle assuré en conférence de presse, sans apporter de détails.

Jusqu’au dernier moment, le Canada et le Mexique, théoriquement protégés par un accord de libre-échange les liant avec les États-Unis, avaient espéré éviter une telle issue. Le ministre canadien de la Sécurité publique, David McGuinty, est même venu jeudi à Washington présenter les contours d’un plan visant à renforcer la sécurité de la frontière entre les deux pays. Insuffisant néanmoins, dans l’esprit de Donald Trump, qui, sur un autre dossier, reproche aussi à Pékin d’aider les cartels mexicains à produire le fentanyl, l’opioïde qui fait des ravages aux États-Unis, en permettant aux principes actifs d’être exportés depuis la Chine.

Des conséquences potentiellement lourdes

Si des interrogations demeurent quant à la portée des droits de douane ou l’outil légal que le président emploiera pour justifier sa décision, il n’en demeure pas moins que l’impact économique pourrait être important pour tous ces pays, y compris les États-Unis. Selon Oxford Economics, l’économie américaine risque de perdre 1,2 point de pourcentage de croissance, tandis que le Mexique pourrait plonger dans la récession. « Les principales exportations du Mexique sont l’alimentation, les équipements de transport et l’électronique. Ils concernent plus de 50% des exportations du pays et une part important de l’activité industrielle », a rappelé Joan Domene, analyste pour Oxford Economics, interrogé par l’AFP.

Wendong Zhang, professeur à l’Université Cornell, envisage pour sa part un choc moindre pour les États-Unis et plus marqué pour le Canada et le Mexique : « Dans un tel scénario, le Canada et le Mexique peuvent s’attendre à voir leur PIB reculer respectivement de 3,6% et 2%, les États-Unis de 0,3%. » La Chine aussi « souffrirait d’une escalade de la guerre commerciale existante, mais bénéficierait en même temps (des tensions entre les États-Unis), le Mexique et le Canada ».

 

RFI