Ramadan, Religion et Respect de l’Utilité Publique

 

Dans notre société guinéenne, le Sanakouyagal (cousinage à plaisanterie) est une tradition profondément enracinée qui nous permet d’aborder des sujets sensibles avec humour et bienveillance. Aujourd’hui, en ce mois béni de Ramadan, je m’adresse particulièrement à mes Sanakous Bah, Baldé, Sylla et les Djakankés pour évoquer une pratique qui mérite réflexion : La fermeture des routes pour la prière de tarawih (Nafila)

Prier ne doit pas causer du tort à autrui

Nous sommes dans les dix premiers jours du Ramadan, période de Rahma (miséricorde), où chaque musulman cherche à se rapprocher d’Allah à travers des actes de dévotion. Mais en Islam, l’adoration d’Allah ne doit pas se faire au détriment du bien-être d’autrui. Fermer une route pour prier, aussi noble que soit l’intention, peut malheureusement causer du tort à des innocents.

Imaginons une femme enceinte en urgence qui ne trouve pas de passage pour atteindre l’hôpital. Un incendie se déclare et les pompiers sont bloqués. Même parmi les fidèles présents, quelqu’un peut faire un malaise et nécessiter une évacuation rapide. Ces situations montrent pourquoi nous devons être vigilants dans notre façon de pratiquer notre foi, tout en veillant à préserver la vie et la sécurité des autres.

L’Islam condamne toute forme de nuisance publique

Le Prophète Mohammed (paix et salut sur lui) a dit :

« Éloignez de la route tout ce qui peut nuire aux gens, car c’est une aumône. » (Rapporté par Muslim)

Fermer une route pour prier, en empêchant les autres de circuler, va à l’encontre de cet enseignement. De même, Allah dit dans le Saint Coran :

« Et ne semez pas la corruption sur la terre après qu’elle a été réformée. » (Sourate Al-A’raf, 7:56)

Obstruer une route, c’est perturber l’ordre public et empêcher son usage légitime. C’est une source de frustration, voir un danger pour ceux qui en ont besoin. En tant que musulman, nous devons être des modèles de bonne conduite et de respect.

La République est laïque : respectons l’espace public

Au-delà des considérations religieuses, rappelons que nous vivons dans une République laïque. La foi est une affaire personnelle, et son expression doit respecter les lois et l’intérêt général. Chacun est libre de pratiquer sa religion, mais cela ne doit pas empiéter sur les droits des autres citoyens.

Les prières collectives en plein air doivent être organisées de manière à ne pas perturber la circulation et à garantir l’accès aux services d’urgence. De même, cette exigence s’applique aux grèves, aux manifestations politiques ou de soutien : il est essentiel de toujours laisser une issue de secours, car la vie humaine est précieuse.

Une solution : organiser nos prières sans entraver la circulation

La solution est simple : privilégions les mosquées, les concessions et les espaces ouverts adaptés aux prières collectives. Si une prière de tarawih (Nafila) doit se tenir sur une place publique, assurons-nous qu’elle ne bloque pas la circulation et que des alternatives existent pour les situations d’urgence.

En ce mois de miséricorde, faisons en sorte que nos actes de foi soient une source de bien pour tous. L’Islam, c’est aussi le respect, la bienveillance et la sagesse dans nos actions.

Que Dieu nous guide sur le droit chemin et accepte nos prières.

Bon Ramadan à toutes et à tous.

Honorable Mamadou Thug
Membre de la Commission Santé, Éducation, Affaires Sociales et Culturelles du CNT