Quand une tribune cache une autre vérité…

Sur mosaiqueguinee.com, une tribune circule, aussi chaleureuse qu’une déclaration d’amour, aussi léchée qu’un discours de serment : celle de Mognouma Cissé, qui chante sans retenue les louanges du général Amara Camara. À lire ses mots, on se demande : s’agit-il d’une admiration sincère ou d’une stratégie calculée ? Une analyse froide ou un signal envoyé aux cercles de pouvoir ?

Pourquoi maintenant ?
Pourquoi cette soudaine lumière braquée sur Amara Camara, dans un moment où l’armée se cherche, où le régime tâtonne, et où les ambitions silencieuses bouillonnent ? Est-ce un hasard que cette tribune surgisse au moment même où le président Mamadi Doumbouya traverse une zone d’ombre politique, terni par le recul démocratique et les silences pesants ?

Pourquoi autant ?
On parle de loyauté, de fidélité, de grandeur morale. On empile les superlatifs, on dresse une figure d’exception, presque providentielle. Faut-il y voir une anticipation ? Une préparation psychologique des esprits à une nouvelle figure de stabilité ? Ou simplement l’écho d’un clan qui cherche à repositionner ses pions ?

Pourquoi lui ?
Est-ce parce qu’il a l’image d’un homme plus modéré, plus diplomatique, plus apte à réconcilier qu’à diviser ? Ou bien parce qu’il inspire moins de crainte que Mamadi, et donc plus de convoitise chez ceux qui rêvent de retour au pouvoir ou de maintien de privilèges ?

L’envergure, la vraie, s’impose-t-elle par les tribunes ou par les épreuves ?
Car enfin, à vouloir trop glorifier, ne risque-t-on pas de trahir l’intention réelle ? Ce texte ne cherche-t-il pas autant à magnifier Amara qu’à relativiser Mamadi ? À proposer subtilement une alternative ?

Et si cette tribune était un test ?
Un test d’adhésion. Un signal lancé aux gradés, aux diplomates, aux hommes d’affaires. Un message codé pour dire : « Voici un homme prêt, un homme différent, un homme de compromis. » Une manière déguisée de redessiner les équilibres à venir.

La vérité est que dans chaque encensoir se cache parfois une braise.
Et dans chaque louange excessive, une manœuvre feutrée.

Le peuple, lui, observe. Il ne lit pas seulement les mots. Il déchiffre aussi les intentions.

Alpha Issagha Diallo

Citoyen libre, témoin du réel