Votre lettre, longue comme un curriculum vitae désespéré, aurait peut-être eu sa place dans un dossier de demande de reconnaissance… s’il restait encore quelqu’un à convaincre que vous faites encore partie du combat. Hélas, votre indignation tardive ne masque pas votre dérive.
Vous vous êtes senti attaqué ? Non, Monsieur. Vous vous êtes simplement vu dans un miroir : celui d’un engagement intermittent, souvent intéressé, et désormais totalement aligné sur un régime que vous feigniez de combattre. Vous vous offusquez qu’on vous présente comme un « technicien » parachuté ? Vous l’avez pourtant été. Ce n’est pas une insulte, c’est une réalité connue de tous.
Vous évoquez votre militantisme depuis 2009, comme s’il s’agissait d’une épopée ininterrompue. Pourtant, nombreux sont ceux qui peuvent témoigner que votre nom apparaît surtout lorsque l’occasion s’y prête. Votre plume a été utile à certains moments, soit. Mais l’histoire de l’UFDG ne s’est jamais écrite dans l’ombre des salons climatisés, mais dans la rue, dans la poussière, sous les coups et les deuils. Et là, votre absence fut éloquente.
Vous revendiquez le titre de bâtisseur, mais vous tournez le dos à la maison au moment même où elle a besoin d’être défendue. Vous ressassez des souvenirs de missions, de documents rédigés, de chronogrammes construits. Très bien. Mais pendant que vous étiez affairé à l’écriture, d’autres se faisaient gazer, emprisonner, enterrer.
Aujourd’hui, vous servez la transition militaire et vous dites travailler « pour la République ». Non. Vous travaillez pour un régime qui confisque cette République. Et vous le faites en reniant ceux qui vous ont accueilli, accompagné, élevé politiquement. Vous parlez de fidélité ? Ce mot ne se conjugue pas au passé.
Vous pouvez bien écrire toutes les lettres que vous voudrez, tenter de magnifier votre propre parcours ou de délégitimer ceux qui ont l’audace de vous dire la vérité. Mais vous ne ferez pas oublier cette évidence : vous avez changé de camp.
Quant à vos insinuations sur les textes d’autrui, permettez-moi de vous dire : certains n’ont pas besoin de prête-plume pour penser, rédiger et assumer leurs mots. Ce que vous êtes devenu, vous l’illustrez vous-même : un ancien camarade devenu commentateur, depuis les coulisses du pouvoir.
Vous pensiez clouer le bec avec des phrases bien tournées. Mais la vérité, c’est qu’on ne construit pas une légitimité sur le rejet de ses anciens frères d’armes. Et on ne reconstruit pas l’histoire avec une plume trempée dans l’amnésie.
Alpha Issagha Diallo
Membre de l’UFDG, témoin engagé d’une lutte qui ne se trahit pas