A l’image de l’ancien régime que dirigeait le président déchu Alpha Condé, la junte guinéenne au pouvoir entend faire du gigantesque projet du minerai de fer Simandou une réalité. Pas plus tard que le 12 mars dernier, le président de la transition a procédé à la pose de la première poutre du chemin de fer de la compagnie du trans-guinéen. Au sein de l’entourage du général Mamadi Doumbouya, l’on fait état d’une très grande avancée.
Mais aux dires du président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), il est trop tôt de crier à la réussite duprojet : « C’est compréhensible de voir certains de nos concitoyens se réjouir des avancées portant sur le projet d’exploitation du minerai de fer du Simandou. Mais ne faudrait-il pas s’interroger sur les contours des conventions d’exploitation et la légitimité des décideurs publics (transition militaire) dans un secteur aussi stratégique ? La création de la richesse étant une chose et sa distribution une autre, il faut comprendre que la garantie d’un meilleur usage des bénéfices tirés de l’exploitation des ressources naturelles, réside dans la qualité de la gouvernance politique », révèle d’entrée Aliou Bah avant de poursuivre :
« Quel est le Parlement qui a discuté et validé les conventions ? Quelle est sa légitimité ? Ceux qui siègent au CNT étant nommés par décret, donc agissant sous le contrôle de l’exécutif de la transition, représentent-ils les intérêts du peuple ou ceux d’un petit cercle ? Quelles sont les compétences techniques et morales qui ont travaillé sur ce projet pour les intérêts de la Guinée ? Partant de l’amère expérience de plus de 50 ans de gestion des ressources minières et de la malédiction des mines pour la plupart des pays politiquement mal gérés, a-t-on des raisons de croire que le Simandou sera le déclic pour un meilleur futur de la Guinée ? Avec plus d’argent et de corruption, et moins de transparence et de démocratie, les équilibres de la société Guinéenne ne seront-ils pas davantage menacés ? », s’interroge le politique avant de préciser :
« Pour ma part, le réalisme et l’esprit critique m’obligent à être prudent et lucide car ma préoccupation principale est l’impact positif de l’exploitation des ressources sur les conditions de vie des populations. Cet objectif ne peut être atteint qu’à travers la gouvernance vertueuse et représentative, la stabilité et l’efficacité des institutions publiques, et le contrôle citoyen. »