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CORONAVIRUS : «L’Afrique n’est pas à l’abri», selon les Nations unies !

L’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population), l’Unicef (l’agence des Nations unies chargée de l’enfance) et le PAM (Programme alimentaire mondial) ont évoqué mercredi 29 avril à Dakar, dans une conférence de presse virtuelle, leur réponse coordonnée au coronavirus en Afrique de l’Ouest et centrale

Pour l’instant, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale comptent 11 000 cas confirmés et 300 décès, soit 54% des cas de coronavirus déclarés en Afrique et 25% des décès. L’Afrique toute entière, elle, représente toujours moins de 1% des cas confirmés et des décès à travers le monde, malgré les scénarios catastrophes annoncés.

Apparu pour la première fois le 29 février en Afrique de l’Ouest, le coronavirus est aujourd’hui présent partout, et progresse lentement. Seulement douze pays rapportent des transmissions dites « communautaires », ce qui signifie que le virus circule dans la société, en dehors des foyers d’infection initiaux liés à des cas importés. En Sierra Leone, plus de 20% des cas déclarés concernent d’ores et déjà du personnel soignant, signale l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont la directrice régionale, Matshidiso Moeti, se refuse à invoquer une quelconque théorie du climat selon laquelle le virus ne survivrait pas dans des conditions de température et d’humidité élevées : « Nous ne pouvons pas dire que la façon dont l’Afrique est touchée tient à des raisons physiques ou environnementales. Le virus est venu d’Europe à une phase ultérieure, et il met du temps à se propager dans la population ».

« L’impact est complexe et l’Afrique n’est pas épargnée », a martelé mercredi Ibn Chambas, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel. « Comme l’a dit Antonio Guterres, la pandémie menace non seulement le développement mais amplifie les risques d’instabilité, de troubles et de conflits. Empêcher l’aggravation d’une situation humanitaire déjà désastreuse dans le Sahel et le bassin du lac Tchad exige la solidarité des acteurs, pour une réponse coordonnée et efficace. »

Tirer les leçons de l’expérience acquise avec Ebola

Avec 1,3 million de réfugiés, 5 à 6 millions de personnes déplacées et plus de 2 500 de migrants bloqués dans divers pays, la situation n’est guère reluisante en Afrique de l’Ouest et centrale. « Nous avons eu un effet d’apprentissage avec la crise Ebola en 2014, et un effet d’alerte », tempère Mabingué Ngom, directeur régional du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et président du groupe des directeurs régionaux des agences onusiennes. « Les leaders politiques ont agi relativement tôt, en prenant souvent des mesures courageuses. Les pays sont conscients de la faible capacité de leurs systèmes de santé à faire face à la rapidité de propagation du Covid-19. Un ensemble de mesures ont été prises, laissant ainsi croire que la trajectoire catastrophique anticipée au départ pourrait, fort heureusement, être évitée. »

Il n’empêche, la fermeture des écoles implique la déscolarisation de 128 millions d’enfants, en plus des 41 millions d’enfants de 6 à 15 ans non scolarisés. Les violences basées sur le genre se font jour partout. Pour Mabingué Ngom, « il est fondamental de promouvoir une réponse intégrée, qui privilégie la mobilisation communautaire et la cohésion sociale, dans une logique holistique, inclusive et participative » qui a déjà fait ses preuves contre la propagation du virus Ebola. Localiser, dépister, chercher les personnes contacts et mettre en quarantaine relèvent ainsi pour l’UNFPA en Afrique de l’Ouest et centrale d’une expérience concluante sur laquelle il est possible de rebondir.

Un nombre de cas qui pourrait doubler chaque semaine

« Si les mesures de contrôle restent inchangées, le nombre de cas va doubler chaque semaine, a toutefois prévenu Matshidiso Moeti, la directrice générale de l’OMS à Dakar. Nous avons besoin de dépistage, de mise en quarantaine et de traitements ». L’OMS aide 28 pays par le biais du plaidoyer et de l’équipement, et a déjà déployé une centaine d’experts.

L’agence s’est déclarée intéressée par le kit de dépistage rapide et bon marché sur lequel travaillent au Sénégal la société de biotechnologie britannique Mologic et l’Institut Pasteur de Dakar. Avec une moyenne respective de 9 et 5 tests pour 10 000 habitants en Afrique de l’Ouest et centrale, contre 200 pour 10 000 en Italie, la capacité reste bien trop faible en termes de dépistage, même si elle a progressé. Début février, seuls le Sénégal et l’Afrique du Sud avaient des laboratoires pour dépister. Aujourd’hui, 24 pays en disposent à travers le continent.

« Ne baissons pas la garde en supposant que l’impact du virus pourrait être moindre en Afrique », a plaidé de son côté Christopher Nikoi, le directeur régional du Programme alimentaire mondial (PAM). La pandémie pourrait voir doubler les 21 millions de personnes déjà menacées sur le plan de la sécurité alimentaire. La raison ? Les difficultés pour les actifs de l’économie informelle de trouver de quoi assurer leur subsistance.

Les enfants déjà indirectement touchés

« Le narratif venant d’Europe sur la pandémie insiste sur le fait qu’elle touche surtout les personnes âgées, a expliqué Christopher Nikoi. En Afrique, elle touche déjà les enfants avec la fermeture des écoles, 20 millions d’enfants qui avaient un repas par jour dans les cantines ne l’ont plus. Le potentiel de malnutrition et de mortalité infantile ne sera pas semblable à l’Europe. »

Dans la foulée du plan humanitaire global de 2 milliards de dollars lancé le 25 mars par Antonio Guterres contre la pandémie de Covid-19 dans les pays les plus fragiles, l’OMS, l’UNFPA, l’Unicef et le PAM ont appelé à plus de moyens : 350 millions de dollars d’efforts supplémentaires, en plus des 550 millions déjà promis au fonds global, spécialement affectés à la un système logistique mondial amélioré. Tout l’enjeu consiste à fournir des équipements de laboratoire, du matériel médical, mener des campagnes de prévention et établir des ponts aériens et des corridors à travers l’Afrique, pour permettre au personnel humanitaire et aux équipements d’arriver là où les besoins sont les plus urgents, malgré la fermeture des frontières.

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