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CÔTE D’IVOIRE : 10 ans après la crise post-électorale, Alassane Ouattara reçoit Laurent Gbagbo

C’est la première rencontre entre le chef de l’État et son prédécesseur depuis le retour de ce dernier le mois dernier après son acquittement des accusations de crimes contre l’humanité à la CPI. Laurent Gbagbo est arrivé au palais présidentiel mardi 27 juillet en fin d’après-midi.    « Comment tu vas Laurent? Content de te voir », a lancé Alassane Ouattara à Laurent Gbagbo en l’accueillant sur le perron du palais présidentiel à Abidjan.

C’est l’événement que tout le monde attendait en Côte d’Ivoire : les retrouvailles entre le gagnant officiel de la présidentielle 2010, et celui qui déclare encore aujourd’hui que la victoire lui a été confisquée. Cette rencontre est considérée comme une étape essentielle au processus de réconciliation nationale, que tous les bords politiques appellent de leurs vœux.

Dix ans après la terrible crise post-électorale responsable de plus de 3 000 morts selon les Nations unies, Alassane Ouattara reçoit donc Laurent Gbagbo. Jusqu’à présent, les deux hommes ne s’étaient parlé que discrètement au téléphone au début du mois.

La dernière fois que les deux hommes se sont vus, c’est le 25 novembre 2010 à l’occasion d’un inédit débat télévisé d’entre-deux tours, au ton courtois, ne laissant pas présager de la violente crise électorale qui allait suivre. La suite est connue : Laurent Gbagbo est arrêté en avril 2011, transféré à la Cour pénal internationale qui l’acquittera. Durant ces dix années, aucun contact direct n’a eu lieu entre les deux hommes.

Marche vers la réconciliation

Depuis son retour triomphal le 17 juin dernier, le fondateur du FPI s’est d’abord rendu dans son village natal de Mama, s’est envolé pour Kinshasa à l’invitation de l’opposant Jean-Pierre Bemba (son voisin de cellule à la CPI), a dîné avec le président congolais Félix Tshisekedi, avant de rendre visite à l’ancien chef d’État ivoirien Henri Konan Bédié, devenu son allié depuis les législatives de mars dernier.

La rencontre entre les deux présidents Ouattara-Gbagbo fait suite à des déclarations peu amicales issues de leurs camps respectifs ces derniers jours. Lors de la fête de Tabaski, il y a une semaine, le chef de l’État appelait à poursuivre la marche vers la réconciliation. Le lendemain, le gouvernement annonçait une entrevue prochaine avec son prédécesseur. Depuis, les deux camps sont restés discrets sur ce rendez-vous, on n’en connait pas le format exact. Il n’est par exemple pas certain qu’il y ait un tête-à-tête entre les deux hommes.

Plusieurs dossiers possibles au menu

Côté pouvoir, on n’a de cesse de répéter que la rentrée de l’opposant historique en Côte d’Ivoire illustre avant tout le retour d’un citoyen chez lui. Du côté des partisans de Laurent Gbagbo, on définit l’entrevue de cet après-midi de « visite de courtoisie dans une éthique républicaine ». Elle insiste sur la logique d’apaisement de l’ancien chef d’État. En somme, ces retrouvailles s’inscrivent d’abord dans une logique de fraternité africaine.

Pour l’instant, aucun détail ne filtre sur le contenu de l’entretien. Mais ce ne sont pas les sujets d’ordre politique qui manquent. Au début du mois, Laurent Gbagbo annonçait vouloir saluer les prisonniers d’opinion de tout bord politique toujours en détention. La requête, refusée par le ministre de la Justice pour raison de sécurité, pourrait être remise sur la table.

Il y a aussi la situation judiciaire de l’opposant, condamné par la justice ivoirienne durant son séjour à la CPI à vingt ans de prison dans l’affaire dite du « casse de la BCEAO ». Le président Alassane Ouattara avait déjà laissé entendre qu’une amnistie serait possible.

Et puis il y a bien sûr l’avenir politique des deux présidents. On prête au chef de l’État l’intention d’imposer un âge limite de 75 ans aux candidats à la fonction suprême, qui aurait pour effet d’éliminer de fait les deux hommes.

Les deux camps s’évertuent en tout cas à dire que cette première audience joue d’abord en faveur d’une décrispation du climat politique.

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