L’ex-président égyptien Mohamed Morsi, élu en 2012 avant d’être destitué un an plus tard, est décédé ce lundi 17 juin après un malaise lors d’une comparution au tribunal. Il avait 67 ans.
L’ancien chef de l’État égyptien Mohamed Morsi comparaissait au tribunal lorsqu’il s’est effondré. Il a été conduit à l’hôpital où il est décédé. « Il a parlé devant le juge pendant 20 minutes puis il s’est animé et s’est évanoui. On l’a vite emmené à l’hôpital où il est mort plus tard », a indiqué une source judiciaire à l’Agence France-Presse.
Une attaque cardiaque est évoquée par des sources médicales. Mohamed Morsi souffrait de diabète et d’hypertension.
Ingénieur de 67 ans, Mohamed Morsi avait été élu président en 2012, un an après la révolution qui avait conduit à la chute de son prédécesseur Hosni Moubarak. Il était le premier civil à devenir président d’Égypte, et le premier démocratiquement élu. Issu des Frères musulmans, il s’était affiché lors de la présidentielle de 2012 comme le garant des idéaux démocratiques de la révolution de 2011 à laquelle les Frères s’étaient ralliés, par opportunisme selon leurs détracteurs. Surnommé « la roue de secours » de la confrérie, qui lui avait d’abord préféré l’homme d’affaires Khairat al-Chater, inéligible, Mohamed Morsi avait remporté le scrutin de justesse face à un cacique du régime de Hosni Moubarak.
Un président contesté
Cet homme marié père de cinq enfants avait bénéficié durant les premiers mois de sa présidence d’un état de grâce, auquel avaient contribué ses manières simples et son air affable. Mais rapidement, une grande partie de la population l’avait accusé d’aider les Frères musulmans à accaparer le pouvoir tout en dénonçant son incapacité de rétablir la sécurité ou de relancer une économie moribonde. Ses partisans estiment que sa tentative d’évincer les militaires des principaux rouages de l’Etat a provoqué sa perte.
De grandes manifestations populaires, certaines réprimées dans le sang, s’étaient alors succédé. Et un an après son élection, le 30 juin 2013, des millions d’Égyptiens étaient descendus dans la rue pour réclamer son départ. L’ex-chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, avait invoqué ce mouvement pour justifier sa destitution, avant de lui succéder à la tête du pays et de lancer une sanglante répression contre ses partisans.
Mohamed Morsi avait par la suite été condamné à un total de 45 ans de prison pour incitation à la violence contre des manifestants fin 2012 et espionnage au profit du Qatar. Il était par ailleurs jugé dans deux autres procès après l’annulation de deux verdicts prononcés contre lui – une condamnation à mort et une réclusion à perpétuité.
Erdogan rend hommage au « martyr »
L’annonce de son décès n’avait encore entraîné aucune réaction populaire ce lundi soir. Sur les radios et télévisions égyptiennes, on se contentait de citer le communiqué officiel avant de diffuser des programmes et des interventions condamnant la confrérie des Frères musulmans en tant qu’organisation terroriste, rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti. Sur les réseaux sociaux, des adversaires de Mohamad Morsi ont présenté leurs condoléances. D’autres, plus critiques, ont évoqué les conditions d’emprisonnement draconiennes de l’ex-président, les comparant au suivi médical très sophistiqué de son prédécesseur Hosni Moubarak quand il était en prison. « Conclusion : l’un est mort et l’autre est toujours en vie. » Pour les partisans des Frères musulmans, Mohamed Morsi a tout simplement été tué.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rendu hommage au « martyr » Mohamed Morsi, dont il était l’un des principaux soutiens. « L’histoire n’oubliera jamais les tyrans qui l’ont conduit vers la mort en le mettant en prison et en le menaçant de l’exécuter », a-t-il ensuite déclaré lors d’un discours télévisé à Istanbul.
L’émir du Qatar a quant à lui exprimé sa « profonde tristesse » après la mort « subite » de l’ancien président.
RFI